Chapitre 2




LE MÉTIER DE JOURNALISTE

Ce métier dont parle l’auteur bien connu Pierre Sormany

 

D’entrée de jeu, cet ouvrage intitulé « Le Métier de Journaliste», dû à la plume de Pierre Sormany, se présente à nous comme un témoignage: un témoignage de journaliste livré à nous par son auteur.

D’emblée, il nous y apprend qu’il ne suffit pas, pour pratiquer ce métier, de savoir raconter. Oui! De rapporter l’événement dans une langue claire, mais qu’il faut rendre les faits intelligibles en les replaçant dans leur contexte et, souvent, en transmettre l’essentiel en quelques lignes. Ce qui revient à dire, pour suivre les conseils du maître de ce « Guide des outils et pratiques du journalisme », il convient d’abord de faire ressortir :

Ce que ce guide est,

Ce qu’il devrait être.

Ce qu’il est, à mon avis, correspond, chapitre après chapitre, à ce que l’auteur dit lui-même de ce que nous présentent les médias : des sommaires de ce qu’il faut savoir pour « comprendre le monde qui nous entoure, pour comprendre les conversations de nos proches, pour être au courant ». Il s’agit en ce sens d’un « sommaire » collectif, une culture qui soude une communauté, observée du point de vue du « client » de l’information. Là, se heurte le journaliste à un paradoxe : le paradoxe que constitue la presse d’information. Les gens lisent les journaux moins pour apprendre que pour partager un « espace culturel » avec leur proche. C’est donc comme au village d’antan; comme sur la place du marché. Se rappeler ce qui se passait dqns les rencontres le dimanche après la messe, sur le parvis de l’église!

De nos jours cependant, au temps de Mc Luhan, notre village s’est agrandi. Il est devenu « global », « planétaire ». Dès lors, c’est le journal, ou plutôt c’était le journal qui jouait le rôle de la « Place du marché ». Les liens communautaires sont devenus beaucoup plus complexes aujourd’hui. « La chose publique » se discute encore sur « la place publique » tandis que l’information non seulement doit rejoindre les variétés, les spectacles ou les téléromans mais aussi toute cette nouvelle tout à la fois multiforme et tentaculaire comme faisant partie incontournable de cette culture on ne peut plus branchée -– dite virtuelle -– mais désormais cosmique, à l’ère de l’Internet et de l’Économie du Savoir.

Voilà donc un « tout » qui occupe bien de la place dans chaque nouvelle couverture médiatique!

De là découle la diversité du « client » de l’information qui assigne le rôle, délimite et limite les nouvelles fonctions du journaliste pour en faire un témoin. Un témoin dont le métier -– et actuellement le goût -– est de rapporter l’événement. Pour le bénéfice de ceux qui n’ont pu y assister. Afin de permettre à ceux qui eux aussi ont été ou sont devenus témoins de pondérer leur jugement en les confrontant avec un commentaire externe, des informations additionnelles. Un témoin, dis-je, démontrant impartialité ou apparente neutralité, mais en sachant raconter la vie, décrire les regards, traduire les émotions et pas seulement les concepts, les idées, les statistiques.

Ce que devrait être le rôle du journaliste exige dès lors une sélection touchant :

Les informations à traiter,

L’angle d’approche,

Les éléments importants à l’intérieur de chaque histoire.

Or ces choix, bien entendu, ne sont jamais exempts de subjectivité. Parce que « se tromper est humain ». Même dans l’exercice d’un jugement qui se veut le plus objectif possible. On comprend donc que ce biais expose le journaliste à la critique de ceux-là même qu’il est appelé à mettre en scène. Un prix à payer à cause de ce « pouvoir ». Un « quatrième pouvoir » inhérent à l’entreprise de PRESSE, qui se distingue bien sûr du « pouvoir exécutif », du « pouvoir législatif », mas se compare aisément au « pouvoir judiciaire » sinon dans son autonomie, du moins dans la recherche de cette autonomie pour informer le plus adéquatement possible le citoyen. Ainsi le citoyen informé, grâce au rôle d’éclaireur que s’est donné toute entreprise de presse, est censé au mieux exercer ses droits démocratiques.

Mais il faut bien admettre qu’il y a parfois loin de la coupe aux lèvres.

Même si ce guide, « Le métier de journaliste », nous apprend par son auteur que les journalistes disposent de techniques de recherche et d’outils documentaires, ces techniques d’entrevue, de couvertures d’événements et de prises de notes, tous les sondages, ces rapports scientifiques, sans oublier les réseaux de personnes ressources, ne suffisent pas à éliminer le biais inhérent à chaque entreprise de presse, chaque média comme chaque journaliste impliqué, à tort ou à raison, dans ce système de libre concurrence plus que jamais soumis aux lois du marché.

Il nous est ici bien rappelé, on le voit, ce que le métier de journaliste devrait être. Mas si cela guide le journaliste à travers les sources d’informations accessibles à la presse écrite ou électronique, qu’en est-il du portrait plus sombre qui se trouve ainsi dressé de l’information qui nous concerne ici. Est-ce qu’il s’y est édifié peu à peu le culte du héros de l’entreprise, parce que, dit-on, « les gens d’affaires, enivrés par leur nouvelle reconnaissance sociale, et ayant à leur disposition d’importantes ressources en relation publique, ont commencé à courtiser les journalistes. Ils comptent, ce faisant, sur un appui inconditionnel des médias? Dans cette perspective il serait ben difficile pour un journaliste qui fréquente toujours ces milieux de demeurer longtemps à l’abri de ces séductions. (Pierre Sormany, le métier de journalisme, p. 306).

Dès lors, que dire de la quête du sensationnalisme? Voire même, à l’occasion, un journaliste éventuellement profiter, dans le domaine des sciences par exemple, ou l’événement n’est alors qu’un prétexte. Serait-ce que le contenu de son texte s’assimile à la vision du monde que dessine pour lui alors la science?

Somme toute, le « danger des histoires de réussite » s’appliquerait-elle aussi bien au « Métier de journaliste » qu’aux « dirigeants d’entreprises prompts à rencontrer la presse quand tout va bien, quad ils s’apprêtent à émettre des actions ou à lancer de nouveaux produits, mais beaucoup plus réticents à parler en périodes difficiles? Cela pose problème. Bien souvent, quand une entreprise accepte de s’ouvrir aux journalistes, c’est que cette opération fait partie d’une stratégie commerciale à laquelle se prêt les médias.»

N’est-ce pas là ce qu’on pourrait appeler la rançon de l’approche sélective? Ce serait, au sujet de ce métier consacré à a vulgarisation, « un va-et-vient… ou un biais », entre le mythe… et les questions non résolues… Force est de tenir compte de ces aléas inhérents à cette profession comme à toute profession d’ailleurs et se dire, avec la charte du journalisme dans son préambule :

« L’information est un besoin vital dans une société de plus en plus complexe et pluraliste, car c’est grâce à elle que les individus peuvent participer démocratiquement à la vie de la collectivité. Le caractère vital de ce besoin est en fait un droit. Le droit du public à l’information est le droit individuel et collectif de savoir ce qui se passe et qui es d’intérêt public. »

De plus : « Les organes d’information et les journalistes ont pour rôle de servir le droit du public à l’information. Ils ne peuvent le faire que dans un régime de liberté permettant la communication sans entrave des idées et des faits. Comme tous les droits, le droit du public à l’information peut entrer en conflit avec d’autres droits fondamentaux individuels et collectifs qui lui imposent des limites. »

« La liberté d’information s’exerce à l’intérieur des limites du droit à l’information! »

( Le Métier de Le Métier de Journaliste, Pierre Sormany, septembre 2011, Boréal).

Lucien BONNET

 

 





















































 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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